Saturday, April 09, 2005

Qui a assassiné Rafic Hariri? from Oulala

[Here's a very interesting article on the Hariri hit from a site called Oulala. If I wasn't so back up, impacted even, with this International law conference at The Hague next weekend, I'd translate it for the ami-requins in the old CM/P blogosphere. But I know later would be too late. --mc]


http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=1701


Qui a assassiné Rafic Hariri ?

dimanche 20 février 2005, par Gilles Munier



S’ils étaient honnêtes avec eux-mêmes, les hommes politiques et les journalistes qui accusent la Syrie d’être derrière l’assassinat de Rafic Hariri se poseraient la question qui vient automatiquement à l’esprit au début d’une enquête : « A qui profite le crime ? ».

On le sait aujourd’hui, les Etats-Unis et Israël ne tenaient pas à ce que Rafic Hariri dirige la campagne électorale aux prochaines élections législatives au Liban parce qu’il aurait ensuite gêné la mise en oeuvre de leurs projets dans la région. Si l’homme d’affaires libanais était considéré comme « pro - américain » par les islamistes du courant Ben Laden, il ne l’était pas assez pour les néo - conservateurs américains, les likoudniks et leurs affidés du Comité US pour un Liban Libre. Pour les partisans du « Grand Moyen-Orient », Rafic Hariri était un « nationaliste arabe », tout simplement parce qu’il n’était prêt à accepter la partition du monde arabe en une multitude d’entités ethniques ou religieuses.


Ennemis mortels

Il faut savoir qu’un projet de partition du Liban circule dans les milieux néo - conservateurs américains et libanais. Il est soutenu par Elliott Abrams, nouveau n°2 du Conseil national de sécurité, chargé de destabiliser la Syrie. Ce document appelé « la voie modèle » projette de diviser le pays en deux Etats : un Etat chrétien créé pour devenir un « second Israël » et un Etat musulman où seraient implantés les Palestiniens réfugiés dans le pays depuis 1948.

Comme Rafic Hariri ne voulait pas entendre parler de démembrement, il ne fallait surtout pas qu’il prenne la tête d’une opposition susceptible de gouverner le pays. Sa déclaration au quotidien libanais Daily Star (15/12/04) en faisait aux yeux des néo-conservateurs, un « pro- palestinien » indécrottable. « Un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale », avait-il dit, « est le droit du peuple palestinien ». Ses contacts avec des hommes politiques européens pour empêcher l’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, ne leur avaient pas échappé. Il rencontrait discrètement Sayyed Hassan Nasrallah toutes les semaines pour le tenir au courant de ses démarches. Quelques jours avant l’attentat, il s’était entretenu à deux reprises avec le cheikh chiite et s’était dit « optimiste sur le résultat » (AFP - 15/2/05). Il avait peut être signé là son arrêt de mort.


La main du Mossad

De toute évidence, s’il y a un pays qui n’avait pas intérêt à assassiner Rafic Hariri, c’est bien la Syrie. Elle n’en avait pas, non plus, la capacité. Comme Rafic Hariri se déplaçait dans un véhicule muni d’un radar qui brouillait les mécanismes de mise à feu des explosifs commandés à distance, ses assassins devaient posséder du matériel de contre- brouillage très sophistiqué. De plus, quand il quittait un endroit, trois convois blindés partaient dans des directions différentes. Comment le commando pouvait-il être sûr de sa présence dans un véhicule autrement que par un système de surveillance aérien à haute altitude ? Dans la région, seuls les Etats-Unis et Israël peuvent mettre en branle de tels moyens.

La revendication de l’opération par un groupe inconnu appelé « La victoire et le Djihad en Grande Syrie » n’est pas crédible. On voit mal comment le Palestinien Ahmed Abou Adas aurait pu disposer des moyens logistiques et techniques nécessaires à sa réalisation, comment il aurait pu camoufler 300 kg d’explosif C4 dans un égout sans se faire remarquer et aurait su que l’ancien Premier ministre libanais allait passer par là.

Selon la résistance irakienne, l’attentat de Beyrouth ressemble à ceux dont l’origine demeure inexpliquée à Bagdad. Pour Rime Allaf, de l’Institut royal des affaires internationales de Londres (Reuters - 14/2/05), il est « l’oeuvre de services secrets, pas d’une petite organisation ». Il a pour but, dit-elle, de « plonger le Liban dans le chaos » et de « faire accuser la Syrie ». Mustafa Al-Naser, conseiller de Rafic Hariri, va plus loin : il accuse le Mossad de l’assassinat (Iran News Agency - 15/2/05). La presse arabe est quasi unanime à montrer Tel Aviv du doigt, mais on cherche en vain un article développant cette hypothèse dans la grande presse occidentale...


Complot

Demander le retrait des troupes syriennes du Liban est une chose, mais en profiter pour accuser les services secrets de ce pays - sans la moindre preuve et contre toute logique - d’être coupable du meurtre de l’ancien Premier ministre libanais n’est pas admissible. Cela relève de la mauvaise foi et du complot.

Les pressions exercées sur le Président Bashar Al-Assad n’ont pas seulement pour objectif de lui interdire de soutenir la résistance irakienne. Le vote de la résolution 1559, l’assassinat de Rafic Hariri, le chaos annoncé au Liban, et la mise en application du Syrian Accountability Act, sont les dents d’un engrenage dont le but ultime est le renversement du régime baassiste et la partition du pays. Quand on lit que la Syrie soutient le terrorisme, menace les forces américaines et celles de leurs alliés avec ses missiles, on se dit que le Cabinet Benador Associates et le Rendon Group, liés au Pentagone et spécialistes en médias- mensonges, sont à nouveau à l’œuvre. Un ami libanais me disait que l’assassinat de Rafic Hariri lui faisait penser à celui de l’Archiduc François- Ferdinand à Sarajevo en juin 1914. L’attentat avait servi de prétexte au déclenchement de ce qui deviendra le premier conflit mondial. Faut-il en déduire que la Quatrième guerre du Golfe a commencé ?



Sources :


Rafic Hariri tué dans un attentat à Beyrouth par Nadim Ladki (Reuters - 14/2/05)

Thierry Oberlé - Qui a tué Rafic Hariri (17/2/05)

Les souvenirs de la guerre civile soudain réveillés, par Gilles Paris (Le Monde - 16/2/05)

Israel and/or America implicated in killing of Rafik Harriri, par Sam Hamod (Information Clearing House - 14/2/05)

Hariri : “Le Mossad ou Al Qaïda », par Barah Mikaïl (TF1 - 14/2/05)

Epargnez à ma patrie vos fâcheuses expériences, par Karim Pakradoumi (France-Pays Arabes, février 2005)

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